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Les Amours nus

"On est prié de ne pas confondre les craintes de Margot à l'égard de "ses" enfants, avec une apologie de ce qu'elle craint - et peut-être à tort - et qui fait s'éloigner d'elle ce compagnon sympa, mais tellement en marge, avec lequel elle espérait composer un foyer."AB

...............................................................extrait
Grand-Pierre a soulevé le capot de la Ford-Anglia blanche, pour régler l’avance sur la position « route », où il basculera la tirette dès qu’il aura démarré. Pour l’instant, il a posé son chapeau sur un des ailerons arrière, en attendant que les bagages soient empilés et qu’on trouve une place où le « Sinatra-cap » ne sera pas écrasé.
Grand-Pierre ne le portera pas dans l’auto. L’habitacle un peu trop étroit et pentu l’obligerait à se tenir le cou tordu.
C’est Margot qui a choisi cette voiture des années 50 dans le parc d’occasions récentes du concessionnaire Ford, à Montluçon, où il y avait pourtant d’autres modèles qui auraient mieux plu à Grand-Pierre, pour ce qui est de la fiabilité, surtout.
Mais, du jour où il s’est marié, il a décidé de toujours céder à sa petite bonne femme, qui en profite au maximum, du haut de son mètre cinquante-quatre. Grand-Pierre est à la retraite depuis peu.
Un peu comme dans toutes les familles où l’Assistance Publique l’avait placé, quand il était gosse, ce grand dégingandé s’est toujours promené à travers son boulot, comme s’il était là en visite. Ce qui ne l’empêchait pas d’en faire autant que d’autres et du bon boulot, autant que certains, qui, du matin au soir, remuent leurs corps excités dans des vêtements – étudiés – pour.
Lui, on l’avait surnommé « Chapeau », au dépôt ferroviaire de Montluçon, à cause de cette manie de le garder toujours sur la tête. Mais, pour Margot, c’est son «grand», son Pierre – à elle –... devenu ensuite, tout naturellement : «Grand-Pierre». Si grand et si fragile en même temps. Son grand enfant. Avec des idées tout pareil, gamines.
Grand-Pierre : celui qui a osé l’aborder à la fête du 14 juillet à Boussac, il y aura bientôt quatre ans.
Elle allait quitter, cette fois encore, – une fois de plus – le Café des Amis, pour retraverser dans l’autre sens les pavés de la Grand’Place, et regagner à pied le petit logement de la Porte-de-Ville, devenu trop grand depuis la mort de maman Madeleine, deux ans auparavant. Grand-Pierre avait fait plus et mieux que de lui parler gentiment : il l’avait fait rire...


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