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Le Mal


Comme toujours dans le monde dont la vie et la pensée permettent l’existence, il y a ce côté mal perçu, mal admis, mal nommé du nom de « mal » justement,

.. qu’on n’aime pas,

.. qu’on déteste même.

Sans trop vouloir admettre que, pour aimer, comme pour toute action, il faut savoir que l’on peut, -et même que l’on doit- détester ou, du moins refuser d’aimer.

C’est ainsi dans l’amour sexuel, où le plaisir est -proche de la douleur- dans un plaisir voisin de celui qui épanouit le visage d’un gosse grattant prudemment la croûte d’un bobo.

Le sadisme en est la déviation condamnable, dans la mesure où la victime n’y trouvant pas plaisir, c’est le bourreau qui en abaissant, en privant de liberté sa victime, a oublié notre affirmation première : « On est tous semblables ».

Se croire plus qu’un autre être vivant, trouver son plaisir là où un autre ne trouvera que mal présent et mal à venir, réveiller un mal ancien et même faire naître l’envie de faire mal ou d’avoir mal semble être un péché et peut-être, le seul qui doive préoccuper les religieux, les législateurs, les psychiatres et au-delà de ceux qui en font profession, de tout humaniste digne de ce nom.

Quitte à ce qui se passe d’étrangement nouveau dans le monde de la Vie ne le déstabilise un instant ou pour toujours :

tel le silence gêné et même inquiet de toute la tribu devant le premier être velu qui , en frottant deux silex fait jaillir une étincelle dans les brindilles sèches.

Si « la mauvaise part du Monde » - comme l’ami Giono nommait le mal - est une évidence, nous ne sommes pas dans le domaine du quantifiable.

Sinon, les guerres nous auraient laissé un sacré crédit sur le droit au Bon et au Bien.

Ne les nommons pas. Par discrétion, et pour faire plaisir à nos ancêtres qui croyaient qu’en évoquant le Diable et son cortège de malheur, on risquait de l’attirer. « Et qu’il n’aimerait pas se déplacer pour rien ! ».

Rappelons seulement qu’il y a, parmi les envies humaines, cette « envie de guerre » qui arrive par pulsions ! Mon père me disait que cela ne sert à rien de tuer la vipère lovée dans une niche du mur de pierres sèches de notre vieille vigne de coteau : « Il en viendra toujours une autre, au même endroit ».

Alors comme on peinait à s’y rendre et à la travailler, cette vigne, on l’a abandonnée aux vipères et autres rampants-courants, qui s’y font la guerre en s’entre-dévorant.

Est-ce qu’on a bien fait de baisser les bras ?

On ne pouvait pas faire autrement !

.. Mais ronces et vipères gagnent les terrains du voisinage.

.. Mais leurs propriétaires, pendant qu’il leur font la guerre en disant du mal de nous, .. mauvais viticulteurs.. fainéants.. etc, ils pensent moins à se voler les quelques mètres de terrain mal défini et juste nommé « retour des charrues ».

Alors ? Conclusion ?

On voit bien qu’en ce qui concerne le mal, il est possible de lui donner un nom :

-friche, vipère, envie de posséder, fainéantise :

Possible aussi de le fuir ou de le déplacer, le Mal

.. mais sûrement pas de le supprimer.

D’ailleurs, sans ce mal, saurions nous reconnaître le Bien ?

Mal ou Bien ? Pour qui ?*

Et même nommer l’Un et l’Autre ? ami scientifique, regarde et interroge cet espacement de plus en plus réduit entre matière et ce que tu as nommé « anti-matière » un peu vite peut-être ? non ? A vérifier.

La vipère qui se sent en danger, ou qui a faim, et qui mord.

.. est-ce que ce n’est pas nous, aussi, parfois ?

Le mal serait ce qui fait mal à certains, et par conséquent à soi-même, -puisqu’on est aussi les autres…

C’est faiblesse de pensée, d’oser croire qu’on va l’éradiquer par les justiciers qui dispensent des peines diverses – y compris- et au pire- la peine de mort qui ne tuera jamais qu’un de nos modèles que la race humaine reproduit ou a reproduit ou reproduira a des myriades d’exemplaires.

Seul l’environnement peut amener à apercevoir et côtoyer le Bien – et bien sûr, le Mal.

Et dans cet environnement, l’idée de Bien doit s’adapter aux valeurs instaurées par les humains, où l’acceptation de l’autre devrait être primordiale.

L’autre, à qui il faut laisser à cultiver le champ que chacun pense mériter par rapport à l’idée qu’on se fait de soi-même et de soi dans le miroir des autres.

On arrive souvent à partager ces valeurs du même type qui sont les habits de l’autre, juste différents en taille et en couleur.

Mais, qui dit « habits » dit aussi un certain camouflage sous uniforme de ce que l’on pense moche en soi. Non ? Mais aussi, envie de plaire à l’autre ? D’être comme l’autre ? –peut-être de rendre l’autre jaloux-jalouse ? Si l’on n’est pas dans cette certitude que l’autre est aussi soi-même.



* roman : « Les confitures du haut de l’armoire ».


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