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Le Virus

Livre II

Un virus amollissait
ravageait notre sportive planète,
de tout temps partagée en deux camps :
dans le sable de l'arène les athlètes
et, dans les gradins et tribunes, au soleil
_ ou à l'ombre selon son idée du confort_,
la foule admirative,
où chacun essayait de rester beau et fort
grâce à quelques sportives
habitudes, des vêtements adaptés,
une coupe de cheveux, en tout pareille
à celle de ses héros vainqueurs.
Sans oublier les ventres plats, les muscles ronds
que donne le vélo-rameur
remisé dans un coin du salon.
Hélas, il n'y eut bientôt plus, de par le monde,
que les fessiers mous, enfoncés
dans des coussins tremblants ;
et des corps flasques, lourds, alanguis,
s'endormant devant les télés
incorporées aux divans et aux lits,
bien cachés sous des couettes profondes.
On passait en boucle sur les écrans
les jeux olympiques du bon vieux temps
et les combats acrobatico-épiques
des films de cape, d'épée et de piques,
ou autres karatésériques
des Bruce Lee bondissants.
Il fallait faire quelque chose
pour que les médecins du sport
continuent de vivre décemment
en entretenant comme il faut
leurs chalets et hors-bord.
Pour plaider leur cause
et sauver la médecine populaire,
un député du groupe " Sauve-Terre "
fut chargé d'interpeller haut et fort
le mondial-gouvernement.
Rien n'y fit, tout d'abord.
Nul décret, nul édit ne pu être pris.
Après quelques décennies
qui virent la fortune des pharmaciens
commerçant de baumes, onguents et thérapies
destinées à amincir les bedaines
en arrondissant leurs bas de laine,
le salut vint enfin
aux médecins du sport :
D'abord,
au cours des visionnages des sprints d'arrivée
des Tours de France du temps passé,
quelques infarctus se sont manifestés.
Puis il y eut des chutes, du haut des oreillers.
Bientôt on déplore des cœurs qui lâchent,
avec des anévrismes au cerveau ;
et le gouvernement dit qu'il faut rétablir les contrôles
contre ce dopage qui gâche
les résultats de football
des playstation.
Dans les salons
chacun prend position
avec tant de passion qu'
on distribue des coups, pour de bon.
La boxe était réinventée,
qui fut le premier des sports avec
la fuite éperdue du perdant en pleurs.
Lui, en sautant les haies d'airelles
et franchissant les ruisseaux,
sauvait ainsi sa peau
en abandonnant sa femelle
au vainqueur.
Ainsi l'humaine Planète fut sauvée
et rendue impec-
-cable à Pierre de Coubertin
et à Tintin.

* * *


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