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NEUVIEME TOMBEAU

(DES MAITRES ET MESSIES)

... Et qui se baisent en grec et circulairement ?
... Mon beau disciple imberbe, porteur de mes lorgnons ?
Que dis-tu, flatteur éhonté, chômeur patenté
Attaché à mes pas pour trois brins de tabac ?…
– Que sans ces lorgnons-ci, nous y voyons mieux-là... ?
Il se peut, pédanté-je, tout comme en Faculté
L'aphorisme est si beau qu'il mérite d'être vrai.
Encouragé par ma drôlerie, le drôle rit ! : Il ose
– Oui, maître mais si je rigole, c'est à cause de la treille
Qui triple de volume les oreilles de l'idole.
J'y suis. Euréka et cétera... Je lis ! Je suis !
Existence je sirote ton essence !
Et si ce n'est pas un tour joué par les racines de ce pin
Aux cinq aiguilles-hi ! et qui s'est coincé, hi hi
A jouer au nabot, entre les pierres séculaires
 
(*) - note de l'éditeur.
 
En leur donnant cet air si cul,
... Alors, voici la vraie version,
– La Sacrée – cré nom de nom la bonne, l'unique –,
De la mort de Tristinius,
(En l'an six d'avant celui qui ne savait pas
Qu'on compterait sur lui nos années d'ici-bas)
Or... Tristinius mourut un jour d'ennui
De trop longue date entretenu
Par les minutes bachiques, par les secondes orgiaques
Par les heures d'ivresse dépassée, tout près du vomissoir ;
... Mort dans les bras d'Espida
(Entretenue très bien aussi – merci pour elle –
Qu'on étouffa ensemble, avecque leur chagrin,
Etroitement unis, malgré cette syntaxe disloquée
Malgré le rythme affolé ; mais grâce
Au poids soyeux des pétales de roses et riches étoffes
Après que se fussent soûlés de six flacons de vin grégeois
Devinrent fumée ici, enlacés dans l'amour,
Soudés l'un à l'autre en un mortier de perles confites,
Dans un cercueil d'osier tressé par six cents vierges,
Parsemé de feuilles de laurier-sauce arrangées en écailles,
Le tout mis à cuire dans le bois de platane.
Ils parurent immangeables aux esclaves alti-nubiens,
Qui volontiers consomment leurs morts dans les festins...
…………………………………………..
Mon disciple me dit qu'il aimait mieux ma première manière,
– Comme si ma fantaisie dictait mes traductions ! ! ?
C’est façon jolie de dire que je suis trop vieux
Et qu'il faudrait que j'admette être bigleux, enfin !
C'est ma foi chercher mon foutu pied au cul à lui foutre !
Mais je peux, si je veux, épater ce p’tit con.
– Car, pour le rattraper, il n'en est plus question –
Jeté dans une fuite éperdue rebroussant le ruisseau.
Je l'aurais bien forcé, bras tordus, à regarder le soir
A mieux voir comme il faut
Germer les braises des âmes ailées,
Celles dont le nuage fauve meuble la vallée
Entre les branches d'écaille noire, ménagées,
Laissées là lors de la taille de fécondation. Exprès,
Par des paysans glaiseux artistes et niais
Gratteurs de fonds d'étang et poseurs de collets.
Il aurait bien fallu qu'il en convienne.
Du moins qu'il le dise, sous ma poigne serrée.
Et si c'est pécher contre les idées malotrues
Tant mieux, quoi-merde puisqu'en actions et poésie
Il n'y a pas de règle à suivre.
– Aucune ? Même pas la sienne ? Ceci sans contradiction ?
– … Tiens le voilà revenu… (Conseillons-le,
C'est, sans contredit, plus habile. C'est pêcher !
C'est anti-Malotru, mais ô combien plaisant.
Comme le plaisir d'aller tout au bord du plaisir :
Mon enfant, prends le temps d'aider la fille
Au bras blanc, au bras long, au bras fin
Avec ses ongles doux comme des aiguilles de pin
Au sortir de son bain, qu'elle prenait nue au jardin
Par jeu, et pour le risque d'y être vue.
Mets à sécher son foulard noir et blanc.
Que tu as préalablement trempé et tordu
En frappant les… pierres au… front bombé dans le courant.
… Et rouges et blanches… et jade et jais
… Et poire et noix, et calebasses ;
Par-dessus les fougères multiples et lasses.
Tiens-lui sa robe tendue entre tes doigts-ficelle-de-pantin.
Pantalonneur et rigolard, mais bon-cœur.
Dessous, derrière, elle se tamponnera le tendre endroit
Où le satyre ardent lui a planté son bois…
Disant, elle, l'air mignon,
Qu'elle se masse la cheville, c'est tout.
La croiras (ou non) Taquineras (ou pas)
Ou bien, feras sérieusement semblant.
Et, ayant profité du céleste entrevu,
Le Ciel naissant du ciel en gerbes continues d'étoiles
A tes tempes-à-toi que le sang presse à poussées accélérées,
Nonchalant, tu cueilleras du bout du doigt pour elle,
Sans précipitation, aux branches du cèdre gris
Une pincée de lichens chenus, pour s'en essuyer le tendre.
Puis froisseras, tritureras de l'ongle, le lierre terrestre
En l'emmêlant dans son odeur pharmaceutique,
Cette herbe dite « à la femme-battue », ce sera
Pour tes reins, devenus vieux du reste,
Ce temps que, courbé, tu chantonnais mes vers,
Ce temps, tout ensemble long et court
Que s'habillait l'Amour au bord de la rivière.
Mais voilà que je conseille en disant qu’i’ ne faut pas.
Tout comme les autres qui sont à la messe chez le marchand
De vin, de soupe et autres liesses offertes,
Ils regardent tous debout, les yeux baissés vers
Les aiguillettes de sa braguette démesurée et
Vers le porte-monnaie qui lui ceint le ventre
De cette courroie qui sera à son tour,
Au Saint Jour, meilleure relique
Que l'écharde retaillée de la Très Sainte Croix Catholique.
Toi, tout ce temps, dans ton monde déserté de confesseurs
Si tu veux, alors. Si tu peux,
Regarde aux pleins feux des yeux des perdrix
Et à midi, la terre libérée
Qui se ressuie au vent grégaire
Rassembleur des bergers et bergères du Temps Jadis.
Tout près du grand manteau de Monsieur Jean Giono.
Pour te parler de moi, en ce temps-là :
J'étais pareil aux premiers mois en « r »
Quand l'odeur du bon vin s'installe sur le grain vert
Rappelle-toi comme c'était bon, à la maison,
Rue Saint Abdon, au nom un peu abscons :
Les rêves y montaient en balles de ping-pong
S'amusant des jets d'eau et des bulles de savon
Des danses d'éphémères et des rots de la bière
Et des danses de soupières dans les odeurs du soir :
C'était cet air d'éternité cuit en cocotte-minute
Avec les légumes étirés par les feuilles
De mon jardin soigné comme un chien trop aimé
Que je flatte d'un doigt, l'autre main sur mes reins…
… Ho-là ! on me jette car le vin a séché dans mon verre,
Et on ne dort pas au café
Avec une main sous la tête, l'autre sur le pied.
Maintenant dehors, je me gratte le nez.
C'est si je veux, quand je veux, comme je veux.
Et pourquoi de son pied se reprocher l'odeur ?
On serait en enfer sans avoir fait de choses
Mais juste pour avoir seulement voulu,
Aux yeux des Dieux bleu ivoire blancs ou noirs,
– incongrûment, je crois –
Que les Vécés du Monde subodorassent la rose.
D'ailleurs, contrefaisons ; pour prouver le contraire
A tous les parfumeurs de V-Ouatères : N'importe quoi,
– Qui n'est pas rien – je peux le faire, donc je le fais :
Mais, est-ce que j'écris ce que je veux ? Ma Pohème
… N'est-elle pas un peu à d'autres auteurs poémiens ?
Un pied contre mon cœur,
Laissez-moi rêver, Estelle
Tel un bébé des chariots de Bohème
Je vous donne à garder mes étoiles,
Mon cache-nez, et mes toiles percées au fond du pantalon
Et vous prie, de même, que ça vous peigne à plat
Que ça vous plaise ou pas, que Ça débecqu’te ou non,
Bergerette guillerette ou servante à gros tétons,
Sur le ton du loup-garou ou de l'hôtelier ragoût,
Vous prie donc d'agréer,
Avec mes rogatons grattés au fond du plat
Mes souliers sincères, inconsidérés et vulgaires.
Signé : Arthur R.       Evidemment
Que ça ne rime pas. Ne m'avez-vous appris, mes m’
‘aîtres,
Sans mépriser la règle, à en créer mille autres, à être
Le bonzaï de saule esseulé en haut du rocher glauque ?
Mâchant quelque verveine, parfois
Méchant envers quelques vains vers
Je dis, attristé des tontaines et tontons charmants
Bienheureux le tâcheron et
Les traces rainurées de son chariot sur l'antique charroi.
Chers ermites conservateurs au Musée jamais ouvert,
Coincés entre la cérémonieuse journée de la masturbation
Et le divin moment d'expiation macérée, dites-moi,
Qu'est-elle devenue, depuis, la fermeture jolie
De la chambre où sont les collections
Des serrures des rêves étouffés dans le nid. Hein ?
Je prends la peine d'y regarder se circonvoluer la rouille.
Ouille ouille ouille : Faut veiller voir où on les pose
Les pieds, l'un après l'autre.
C'est pourquoi je les ai dans les violettes,
La tête dans les ronds des notes noires
Des chants des merles orgueilleux, avec, au nez,
Les sécrétions nacrées, pruinant aux fleurs du buis
Ici, à trois millimètres et demi du puits tari,
Ça... y... est !... J'ai la Révélation !
– Juste au moment où j'urine bestialement
Au pied d'un calembour-lourd, en fleur et grimpant
La prière enfin me vient : « Dieu des Dieux
« Gardez en votre Sainte main les pisse-froid
« Puis les envoyez en Enfer,
« Secrets missionnaires du monde des affaires
« Pour essayer d'éteindre le feu de Lucifer !
– Je me reboutonne les brailles mal braguettées,
Car je viens de payer la sœur gargotière. –…
… Lui file un coup de romantisme,
En surplus, pour adoucir brûlure de ces joutes défendues :
Contemplons, du haut rond du vallon
Ce lac enfou-i en frêle verdure de compréhensive nature.
Tu as vu ces ruisselets-chevreaux laids et mal sevrés,
Ce qu'ils ont donné ?
Cette eau ronde-pâle, sans saveur ni limon !
Par ailleurs, la Marâtre,
Elle a fait notre automne, comme tu fais ton loto,
A la va-vite. Elle a collé ses feuilles au nez du temps,
Mécontent, vineux, qui bouge un peu pour les ôter
Avec des bruits de mirliton, comme on entend
Au grand banquet de la foire des haricots d'Arpajon.
Le temps se l'est collée aux dents, cette chanson
Avec de la confiture d'abricots finement dénoyautés
…………………………………………..
Qu'on est haut, qu'on est loin, ma soeur
Qui te veux convertir pour un bachique-vaudou !
Sois Sagesse et ménage tes genoux ! Sois sage !
Et pas comme celui qui rerivettera avec sa massette
En un plomb éternel, la base de la colonne de l'ancêtre
Le phallus acerbe et verdi par les ans
Qu'on avait fait venir à travers les écueils
Sur l'orgueil et les vagues.
Sois Sage et, non pas l'esclave slave
Et son sou-propitiatoire de cueilleur de betteraves,
Roulé dans un mouchoir immonde.
Contourne, sois un homme, fût de pute, ma soeur !
Et longe sans trébucher le fût de marbre
Qui n'est pas infini mais simplement pointu.
Sois Sage mais, en éveil sans faille :
D'idolâtres farceurs y fixent déjà la corde :
Ils veulent le redresser leur grigri à peu-peur
Ils ont le drapeau de la révolution sexologos.
Serait-ce la fin finale des autres atroces,
Les maniaques hydrocéphales
Qui se trimbalent leur oeuf unique sous la tunique ?
Voilà tout, ce que je voulais dire
C'est défense d'en rire... ou mon poing dans les yeux.
Même vous, sœur-copiste offerte par l'hospice
C'est la fessée ce soir, et même pire.


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