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Eternité et Immortalité

Livre I

Un simple humain
et modeste jardinier
avait trouvé moyen,
en meublant continuellement
son temps
d'instants d'Eternité,
d'égaler celle
des Dieux du Ciel.
S'il ne s'en était vanté
auprès des curés et rabbins et gourous
et autres préposés
à l'ouverture
ou fermeture
au verrou
des portes paradisiaques,
son sort serait resté
celui d'un petit jardinier
toujours en travaux,
de Pâques
aux Rameaux.
Mais, de ce méchant libertaire
qui osait nier l'existence du temps
pourtant célébré par tant et tant
de poètes et savants,
il fallait se venger
car c'est chose réglée
et réglementaire
sur Terre.

 
On pensa l'empaler.
Mais, de mauvaises langues
disaient, qu'étrange pour étrange,
il était sûrement pédé
et risquait de trouver plaisir
en place de martyre.
Alors on a songé au bûcher.
Mais le médecin du quartier
bien que n'ayant jamais eu
à la soigner (et de cela sans doute déçu)
déclara qu'il était diabétique. C'était sùr et certain, à cause de la consommation abu-
-sive des fruits de son jardin,
et qu'il jouirait, à coup sùr,
ce vaurien,
de l'odeur de confiture
montée de sa propre fumée.
Alors ?
La mort ?
froide et brutale ?
A la lecture des écrits répandus
par tous les loquedus -
aides - jardiniers
qu'il avait formés à son image
prétendue sage,
on découvrit que, pour ces gens-
là,

 

l'instant le plus charmant
(et, néanmoins fatal)
d'Eternité
à vivre ici -
bas
était celui, sans fin
(disaient-ils) du Passage
de ce Passé Effacé
pour aller à l'Effacement du Destin.
L'enfermement à vie
sembla seul raisonnable
aux plus remarquables
édiles de notre magistrature.
C'est pourquoi, dans sa cellule,
le rescapé du temps, du Passé et Futur
Assemble des pendules.
C'est pour faire un pécule à sa petite amie.
Il y prend grand - plaisir
et les cire
avec soins.
Et les peinturlure,
à la main,
de tous les enchantements des fleurs et fruits
de son jardin.

* * *


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