On le lui avait bien dit,
Et de toujours :
" Avec un nez pareil,
ton travail est tout trouvé :
dans la parfumerie, tu seras nez - car
tu es né pour renifler les odeurs c'est sûr !"
Il y est haut perché : cariste diplômé
au-dessus de la ville parfumée
dans l'arrière - Riviera provençale,
Sur son tracteur - élévateur,
à débarder le géranium - rosa en bidons rouges
et le vétiver en fûts d'acier cru.
Pour s'égayer un peu, jouant avec le mistral,
il se porte à l'épaule les paquets de sciure de santal,
passe et repasse sur le plateau planté de lavandes ensauvagées
bleuies par les rayons en concentré essentiel de soleil
ou blanchies de givre aux doigts audacieux.
Ensuit',
et de nouveau,
il perçoit au passage les odeurs en fuite
qui viennent l'agresser depuis les bouches créatrices des labos.
Ce qui fait
que le pauvr'homme
est,
éternellement,
un nez,
enrhumé.
Comme quoi,
en prédiction
on peut dire, que sur
une piste qui va bien droit,
vers le futur
on n'est pas obligé
de sauter sur le marche – pied
de la voiture
des conclusions.
* * *
