On est seul et lent
et rien ne presse.
Tout est tendresse et
enchantement de pluie fine et molle neige mêlée.
Dans un sourire de moine béatifié,
on pourrait s'allonger, tous muscles étirés
sur une mousse ou un divan de mousseline.
On serait oiseau de fin de printemps, mais
déjà les griffes prises dans un été mûri et un peu blet.
On ne serait pas plus gros qu'un petit dé de vent tiède,
joueur de solitaire dans les arceaux des buis,
et à peine au sortir du nid
surpris par la maladie d'Alsheimer.
Se réveiller derrière les rideaux mal tirés,
ce serait bon, comme un cachet d'aspirine
sur un lent mal de dents, de ceux qui. .
. . de ces vicieux qui reviennent et repartent dès que . .
. . dès que la langue s'est fourré le pointu
sur le bobo, ou juste à côté
où c'est encore mieux pour masser le nerf expert
selon le hasard doré et l'envie sucrée,
en gardant tout au long de l'esprit alangui et soluble,
(mais pas pressé de fondre !)
ce besoin, si humain d'avoir mal encore un peu
juste pour le plaisir, ensuite, de se sentir mieux
Et bien dispos
pour se passer au col le licou
(ou au cou le licol)
pour aller promener, donnant une main à ses parents
et l'autre à ses enfants,
dans les musées emplis de trompettes renommées
et pleins d'irréelles culottes de satin et velours,
dernier séjour de gloires éternelles.
Malgré le risque de mal - aux - reins
on s'est penché sur les vitrines,
on a grimpé les escaliers pleins
de majesté.
On a senti pour bien plus
que le prix du ticket de bus
ces instants d'entre - vie - et - mort,
comme au réveil, encore
dans sont lit du samedi
au dimanche, quand on se dit
qu'on s'en fiche, s'il est l'heure, s'il est tard :
Ces moments de rien du tout, sans durée et sans prix,
que, communément
"Bonheur" on nomme chez
lettrés férus de philosophie
et dont, chez les ignares - paresseux et fêtards
vantant leur bon sens de la bonne - vie,
on profite, mais
sans plus s'en émerveiller
ni le nommer, jamais.
* * *
