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La Fête à Qui ?

Livre I

Mis en loterie
pour  sa fête,
le mouton eut de la  chance : il a été gagné
par un boucher poète
à la mine ronde et réjouie
qui l’eut bien vite photographié
et embrassé sur le nez
avant de l’emporter dans sa camionnette.
 
La bêlante et bêtifiante bête
n’eut pas longtemps à rester
enfermée dans la cage en sapin échardeux
d’où  on ne pouvait rien voir
sauf les flocons laineux
qui s’accrochaient, mêlés
à ceux des moutons qui l’avaient précédée
à l’abattoir.
 
Et ce fut comme dans les contes de fées :
On ne saura rien, à la ferme,
de ce qui est arrivé ensuite, à ce chanceux
 enrubannée de la tête à l’extrém
ité de la queue
 
Bientôt comme le font
les dindons à la veille de Noël
ce fut Grognon, le cochon
qui s’excita, extasié
quand il entendit le patron tout gentil tout miel
déclarer :
cette fois ça y est : ni trop tôt, ni trop tard…..
il est à point … il a bien grossi :
on va lui faire sa fête aussi
à ce gros  - lard !
 
Ce petit vent d’automne
qui balance le dindon
sur  sa branche à bascule,
ça n’étonne personne
qu’il parle d’un ton aigre et un peu ridicule,
et qu’on ne comprenne pas ce qu’il dit ;
puisqu’on prétend qu’il véhicule
autant d’idées folles que de feuilles mortes et parapluies
de pissenlit..
 
Dans la maison
la pendule fait son tic et son tac, et un ressaut
sur lequel elle tremble encore un peu
comme le vieux fermier qui rallume son feu
puis la télé où on dit qu’à Noël il fera beau.
Remarque : les dindes le savaient déjà car
le père dindon au jabot rouge et joli
le voit à la façon
dont éclosent les champignons
en lisière des bois noirs.
Cependant il dit
le vent coulis
à la pendule, sous la porte
où  il apporte, en mélange , le parfum campagnard
des fleurs et des crottes
il dit que dans le beau langage
des humains qui sont si fiers
des mouvements de leur glotte
tout n’est que belles images
et illusions jolies
comme on l’a vu dans cette affaire
de fête des moutons, volailles et cochons.

* * *


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