Les autobusiaques sont de fins poètes
qui n'admettent
(entre autres us - et - coutumes)
que les rimes en us
ainsi que coiffures et costumes
dérivés des casquettes et peintures d'autobus.
Aussi fut-il décidé d'exclure,
pour cause de futile
emploi de la règle pure
et dure,
ce palot écrivain
en vains
écrits provinciaux
qui avait, dans un poème, utilisé
de manière délibérée
le jeu du "poil au …"
Ce jeu nécessite une grande vivacité intellectuelle.
Mais la règle en est simple. On joue avec son
voisin, lors des discours officiels, à qui trouvera le
premier une rime anatomique au dernier mot de
chaque phrase.
Ce n'était pas vraiment ce qu'on lui reprochait
mais
d'avoir osé, rien que pour la rime,
(et en révélant peut-être
quelque rancœur intime
contre les bus sans étage parisiens
ou contre les doubles ponts londoniens)
d'avoir osé, donc, dis-je, sans plus
de façon
parlé de "poil à l'autobus"
comme d'autre l'auraient fait de "poil à l'urètre"
ou "poil au menton" Alors qu'il eut été si magistral
de placer là un "poil au prépuce"
du plus génial
effet.
Chassé de la noble assemblée,
le pauvre jeu-de-motiste
tomba dans une irrémédiable tris-
-tesse, et voulut mourir de dépit.
Se pendit, gavé de gardénal
au-dessus du canal
qui longeait son logis.
Mais le rebord vermoulu du balcon céda.
Il but tant d'eau
et d'actives bactéries
qu'il s'en lava l'estomac.
Il fut sauvé de corps
mais pas d'esprit :
Désespéré qu'il est encore,
aujourd'hui et à toute heure,
d'être resté en vie
après ce déshonneur.
* * *
