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Ce même point mis sur le i de Fini et Infini

Livre II

Dis, Monsieur Mon Père,
demandait l'enfant trop parfait,
où vont-ils donc,
après,
les plaisirs ou les misères
qu'ils ont eu, de leur vivant,
les gens ?
- Pose la question à ton oncle..
ou à ta mère..,
je ne sais pas, moi,
s'il existe à ce monde
un endroit, .. un envers..,
un ailleurs de bonheur ou d'enfer.
Alors, on le mit à étudier
dans les grandes et belles universités
d'où sa question sans cesse réitérée
finit par le faire exclure ;
de ces lieux où la règle pure et dure
ne permet d'étudier que ces
sciences qui clairement se positionnent,
ce à quoi des réponses s'articulent
et s'élocutionnent
à souhait.
On y eut bientôt fait
de ce bègue le procès :
chassé à coups de pieds au cul le
pauvre banni, condamné à l'errance
doit enfin apprendre à extraire
de la terre
sa pitance.
Et voilà l'enfant sage
confiné en ermitage
dans une chaumine
de bien mauvaise mine,
tout au bout d'un chemin envahi
de ronces et d'orties,
dégradé par le temps,
la pluie, le vent.
Il y vivait de rien,
ou quasiment..
(à moins qu'on 'appelle abondance de biens,
pommes quasi-sauvages, mauvaise treille à méchant pinard,
poisson du ruisseau voisin,
chair de hérisson ou de lapin..)
Ce chemin ne menant nulle part,
l'enfant
lassé des avatars de la philosophie compilative,
devenu adolescent, aussi, ce temps
que ses condisciples disciplinés
grimaçaient sous leurs faces d'endives,
plaça devant sa masure
un panneau de belle taille, passant toute mesure
où il écrivit en lettres armoriées
rondes ou biscornues
dans toutes les graphies connues :
" Passants qui passez par ces lieux peu passants, sachez
que vous êtes parvenus, à cette seconde,
nus ou richement vêtus,
au Bout du Monde. "
Mais voici qu'il arrive en ces lieux
un des ces motards prétentieux,
à la fois punk funk et flic,
préposé aux pancartes et chemins herbeux
pour la plus grande gloire de notre République.
il y croit haut et fort
à sa mission
sous son crâne rasé lisse et oblong,
doublé de peau de porc.
c'est pourquoi
il interpelle d'une puissante voix :
- hé, petit con,
si, là, devant ta maison,
c'est le Bout du Monde, alors
derrière, là, ou plus loin,
dès que  passé ton jardin,
c'en est le commencement, non ?
- C'est exact
répondit l'ex-énarque
en rêvant,
très occupé en cet instant
à ses travaux de plouc :
à savoir de convaincre sa chèvre
(pourtant amie d'un philosophe et ce,
malgré sa face fière)
de bien vouloir sauter la barrière
pour aller quémander les hommages adultérins
de ce bouc
à l'odeur, au faciès
et au sexe chatouilleurs de vagins
en fièvre.
Mais alors,
si tu pars dans l'autre sens, dit le rasé tondu
à l'esprit aussi logique que retors,
ton raisonnement ne tient plus !?
Or,
on avait eu vent
dans le canton d'à - côté
de la naissance, dans le champ
du philosophe - plouc, de quantité
de champignons hallucinogènes et phallotropescents
et il y avait pléthore de cueilleurs
car c'étaient les vacances.
c'est pourquoi un professeur
de Belles Lettres et Mathématiques enfin réconciliées
s'en prit, lui aussi, au censeur,
disant :
mais ce raisonnement
tient également dans l'autre sens,
et aussi bien pour le Ciel Etoilé,
et aussi pour le Temps
que le souvenir peut si bien rebrousser !
- Mais qui peut nier qu'il  a un Avant,
un Après ? dit un paléo-universalo-géographe,
et le Big-Bang, et les fins du monde ?!
- vous voyez bien..
dit le gamin-plouc
regardant, de loin, sa chèvre et le bouc
gambader dans le pré du voisin..
- Quoi ?.. qu'est-ce qu'on voit ?
Que le Début est aussi la Fin,
finalement.
- Et Moi, dit un professeur de droit
et de droite.. Par rapport à Môa..?.. car
je peux affirmer que ce qui est passé
est derrière moi.
- oui mais il est devant tes enfants,
lui jette joyeux, un sociologue goguenard
qui s'était mis à l'écart
pour aller aux cabinets.
ce à quoi, répartit son homologue :
- Mes enfants ne sont pas Môa,
hélas : ils tournent au gauchisme-crétin
avec un brin
d'anarchisme narquois !
- C'est bien la preuve dit un généticien
que nul être humain
n'a les mêmes gênes que son prochain
- Erreur, dit le Lettré-Mathématicien,
les lois des Grands Nombres nous précisent,
en accord avec les Eglises
- qui d'ailleurs ne comprennent pas ce qu'elles disent
depuis des millénaires,-
qu'il y a eu, qu'il y a, qu'il y aura
forcément sur cette Terre des gens
tels que chacun de nous
et que de plus, dans l'Univers
selon les mêmes lois
il y a une Terre semblable à celle-ci
très exactement.
- j'y veux aller, déclare le crâne rasé.
- Soyez satisfait, lui dit l'enfant
aux pantalons devenus trop courts
pendant ces longs discours,
puisque vous y êtes et que, ici
pour cette même raison-ci
on ne discute plus pour savoir si
le Monde est infini,
car il l'est, c'est mathématiquement dit,
mais il est fini aussi, pour la même raison
puisqu'il y a forcément un monde peuplé
de gens discutant de ces problèmes et qui sont
ce que nous sommes et là où on est
- Mais alors, en somme, demande un pasteur anglican
mais pas con pour autant,
serait-ce cela, l'Eternité
- Oui, mais à condition seulement
dit l'enfant devenu subitement très grand :
de savoir profiter des instants
qui volent le sens au temps
de la Terre
Ce disant, l'enfant sage
grandit si vite que ses habits
sont maintenant trop petits.
Il ajoute pour être bien compris :
l'Eternité ce sera si
vous rentrez dans ma maison
vous attabler devant le fromage
et une poêlée de champignons
en buvant la piquette et
en jouissant du paysage ;
et de si bien profiter de ce bonheur
qu'on en oubliera l'heure
et la durée,
comme il nous est advenu aussi, là,
dans cette conversation
de déconneurs ou pas.
C'est en léchant le dernier plat
que l'enfant soudait se meurt, trop à l'étroit
dans ses vêtements qui l'étouffent
disant, dans un dernier souffle :
- Ne vous inquiétez pas, amis,
il y en a plein d'autres dans cet endroit.
Parlait -il de lui ?
des champignons.. ou des deux à la fois ??
 

* * *


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