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SEPTIEME TOMBEAU

(DES VACANCES)

... Je suis à la mode de l'été,
J'ai le short qui me moule les poires et les noix,
Je suis bronzé et j'ai les lunettes noires.
Le Ciel en pédé robe du soir raille – hi – hi – hi –
Les maisons couveuses d'ombre bleu-vert.
Sous la gargoulette éraillée du ciel rayé,
Sur la vitre la rosée du tourniquet d'arrosage
Fait son pipi d'ange, vite, mais sans vraiment se cacher :
Trois gouttes aux feuilles des orangers qui s'ennocturnent
Un peu plus qu'à midi,
Quand naît le bleu à vaisselle au flanc des ocres fous.
Maintenant la lune joue à faire les yeux doux-froids
A tous les miroirs de fontaines à pastis. C'est
Un de ces soirs lents où les bêtes veillent les gens, quand
Les homoncules tarasques s'embryonnent sous les réverbères,
Grimpent et s'agrippent au crépi des coins de rues :
C'est en Arles, où sont les saucissons
Où le Mistral glisse, à poil sur le dos du fleuve Sauvage
Avec, au pied, une pantoufle rouge qui fut à Charles Quint
Ou en patins chauds qui, à d'autres quinteux furent
Dans ces instants noirs et fanés je comprends mieux comment
Tristinius mourut un jour... d'ennui... étouffé sous
Les pétales de roses qui tombaient du plafond.
N'avait pas voulu – nom de nom de Zeus Jupitérien ! –
(Pour rien au monde)... stopper le flot parfumé
Il eut fallu, malgré la fuite des esclaves,
Appuyer seul sur le bouton
Et subir le pâle déshonneur du marchand de beurre rance
Pour déclencher la planche
Qui retenait les flots des parfums violés par les couleurs
Qui lui mettaient aux yeux les pleurs, aussitôt séchés
Puis renoués au cœur délicieusement triste
De l'Adonis-artiste-Tristinius-Rosis...
Je passe sous la plaque émaillée qui prouve
Qu'il vécut et mourut là, tout près de l'antique théâtre
Et moi, le renégat l’astèque ascétique et acide
Je m'en-fourrure la tête en toque de loup de goulag
Car il s'en vient une de ces tramontanes à la Giono
Qui te bricole de glaçons tes pattes de vieux cheval.
Au trot, au petit ; passons vite devant les souvenirs :
Les pierres burinées, les arcades du soleil,
Le foutoir aux corneilles : les arènes,
... Celles du toréro combattant du soleil et de l'ombre,
Du côté cher au bon marché, gradé ou dégradé des gradins,
Combattant des pommes et des prunes.
Ils l'ont pourtant aidé ce couillon, à trois contre un,
Tous coalisés contre le sable sec qu'il faut vite ratisser
Quand le taureau prend un temps pour pisser !
Ou encore, en coup de vent, quand il y a du sang !
Et encore en y traînant des chaînes
Qui... qui iraient... qui iraient si bien,
Si bien au ceinturon du centurion,
Si bien aux poignets des esclaves des gradins
Sous les tribunes des tribuns
A qui on offrira les oreilles du toréro d'or
Et ses bijoux de famille roulés dans la mantille
De la dame aux camélias ou aux fleurs de vanille.
…………………………………………..
(Mais ouf, j'ai rattrapé le Malotru
Moi, la grisaille des murs, l'espion raturé
Celui qui note à l'herbier la bouture –
Je le somme de s'expliquer sur cette fuite en arrière
Dans ce tour où il va de France en France, et en outrances,
En violant les gardeuses de frontières.
Il tourne son derrière, les yeux vaguant en âme de chanoine
En oeil de chat noir ouvert, tout-vert,
En derrière de chat gris, fermé, bien net et rose,
Il prend la pose. Il ignore le monde.
Et va ballant des mots comme tout-un poète falot
Des alentours des guerres.
Je suis dégoûté des poètes poétant, tous
(Même lui) de si poéteuse manière.
Je prends le train à minuit, et j'irai, – c'est promis –,
Regarder moi-même, sans essuie-glace à ma vitrine
Les fraîcheurs ciselées au profond de la mine de charbon,
Ces concrétions d'espace-temps qui foirent dans le noir :
C'est ainsi que Socrate a perdu son Platon.)
…………………………………………..
– Je suis Malotru, et poète, maintenant.
Avant, j'étais un rimeur aux doigts de pieds nonchalants
Dans l'eau vive du torrent
Accroupi derrière la pierre de claque-écume.
J'étais content des vairons blancs
Et du soleil sur les orteils dans les aubes qui fument.
On voyait une bosse à ma besace :
Je laissais croire au trésor de Loquedu.
N'étais pas encore Malotru
Avant cette bagarre contre les rémouleurs.
Ai démoli la tribu : couteaux, ciseaux, meules et courroies
Et Systèmes articulés, à la rivière, avec actes de foi.
La vieille Cateau et sa grande fille
Baisées trois fois sur la bille de bois.
Depuis, je n'y crois plus : qu'on me suit
Par plaisir simplement,
Pour lire par-dessus mon épaule
A la manière de Pierre et Paul


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