Trois femmes étrangement pâles
se partagent en pleurant
et en deuil ostensible
les formes et les formules aimées
d’un amant qu’elles ont décidé de tuer
finalement.
Les trois maris mourants, comme leurs yeux rouges
trop fixés sur la chandelle alcoolique,
battent le poker et le temps
d’une seule main : c’est pas pratique
mais amusant, avec la flamme qui bouge
en éclairant moins bien.
Trois enfants nus dans la boue
s’y sont assis et jouent à s’en faire
un vêtement.
Ils y piochent allègrement
à pleines mains
et grignotent une chansonnette
venue de ces maisons à fenêtres et rideaux,
là-haut, où sont les parcs et jardins.
Trois cloches sonnent à la volée.
Et les femmes éplorées
passent en pas levés, en jupes religieuses
au bras des trois époux jaillis
des coups de pieds donnés
aux chaises du bouiboui.
Elles se plaignent
de l’argent donné au curé
et de celui perdu par ces bons à rien.
Les trois enfants malsains
qu’il faut bien habiller
pour aller au catéchisme
après les avoir lavés
_ et surtout les mains _,
… ils ont appris ce matin
à compter jusqu’à trois :
C’est juste à cause de la Sainte Trinité
du livre Saint.
Après, ils apprendront le « cinq »
et peut-être iront jusqu’à « douze ».
à cause des pêchers,
des patenôtres
et des apôtres.
D’autres s’arrêteront
aux dix commandements,
ou aux neuf démons,
_ selon l’enseignement
des religions _.
Là-dessus, des écoles installeront
centaines, milles et millions
et autres adorations
de chiffres et chiffons.
