A    A+

La tour mauresque

L\arbre sec


A grands coups de piques
ils ont tué ces chiens d’hérétiques.
Puis se sont roulés dans le sang.
Et riaient si fort !... si fort !
Ils avaient tort :
il faisait si chaud qu’ils en ont bu.
Ca n’a pas attendu ! :
ils sont tous crevés ou presque…
Sauf ceux qui restaient sur la tour mauresque.
Et alors,
à grands coups de piques,
se sont entretués, ces chiens
qui riaient… si fort !... si fort !...
en sachant bien qu’on reprendrait la ville.

Mais qui ?
Pour qui ?
Pour quoi ?...
Puisque la fille était là, sur les créneaux,
qui s’est tellement fichue de leurs gueules de rats
qu’ils sont tous morts en héros
les soldats-bon croyants…
en se demandant : pour qui – pour quoi ? »,
et bien écoeurés de tous ces cœurs vidés de leur sang.

Longtemps après, encore,
la fille creusait le sable,
y retrouvant des reste de moissons et d'étables.
Elle y enterrait le soleil, au pied des morts.
Et puis il y eut un temps où
des palmiers ont poussé, sous leur ombre balancée.
Ils riaient
quand ils trouvaient
des corps à siroter
au bout de leurs racines fines
Mais ils avaient tort :
ils en sont crevés tous,
mais pas en même temps,
laissant seule, avec les derniers fruits,
une très vieille femme assise,
à mâcher la peau séchée alentour des noyaux,
en bougeant avec l’ombre de la tour mauresque.
Vous l’avez reconnue ? _ avec ses mains fardées
par les entrelacs des rites et vœux pieux ?..
.. celle qui creusait le sable
pour y semer le soleil,
qui lui brûla les yeux,
qui lui sécha les seins..
.. qui la viola, stérile
sur la tour écroulée
sous les palmiers
sans ombre.
Sans fruits.
Sans bruit.
Sans vie.


Télécharger

Haut de la page

Partager



Revoir l'ancien site web d'Adrien