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San Antonio

Livre II

Comment faisait-il
le gentil Saint Antoine de Padoue
pour nourrir son loup
aux dents longues et acérées ?
Aurait-il réussi
à le persuader
de se remplir la panse de pissenlits
ou d'autres nouilles et spaghetti ?
Ou bien
devait-il aller, le bon Saint,
lui acheter
_en plus du pain et du vin
à lui-même destiné_
des boîtes,
au supermarché du coin ?
Laissant à autrui
_ c'est-à-dire au boucher _
le soin de tuer pour lui
et de commettre, en lieu et place
du vorace dépeceur
les crimes dégueulasses
à l'égard des brebis
pleines de confiance
pour leur ami d'enfance,
leur berger si gentil….. ?
N'y a-t-il pas réfléchi
notre frère et ami
qui s'extasie
devant le moindre brin de cervelle
muni de pattes ou d'ailes,
ou, _ à défaut, telle une ficelle _
rampant sur son ventre bien rempli ?
Mais si, mais si, sûrement
car on peut être Saint
et pas con pour autant.
Et il prie la divine Logique
qui lui dit que,
en matière de bouffe
pour les lions, le fin du fin
c'est le gigot de gazelle
tandis que pour ces élégantes demoiselles
il faut chercher au désert
les touffes d'asphodèle.
Et que tous ces mangés
qui mangent les mangeurs
font bourgeonner
le primitif neurone
pour faire ce beau gâteau
appelé un cerveau
où est dispersée,
en paillettes ou copeaux,
la Pensée
qui, fleurant bon l'essence de la Vie,
en retour se permet d'excuser
la logique obligée des désirs bien ciblés
et fait, du même élan, exister,
la pieuse envie,
en triant ses graines égarées
dans l'affolement aléatoire
d'une machine à compter
l'espoir.

* * *


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