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Les zazous de neige

Les fagots de l'automne


La veste ornée de croix gammées
ou autre brins de rien,
dans des pays d’un peu plus loin,
chez ces voisins : (des gens qu’on ne fréquentait guère),
ils sont allés au temple,
les zazous de la neige.

Ils sont tombés en flocons sacrés
sur les églises où Goethe priait le diable et ses copains,
traficoteurs de trucs et machins.
Et les draps noirs, ensoleillés
et le colombes ailées,
les zazous de neige
de bienfaits les ont comblés :
- des grains pour les colombes
- du sang sur les autels
- à boire aux prêtres :
du vin sombre et rouge.

Les zazous les ont soûlés.
Plus le temps d’adorer la lune !
La sainte femme priait
tandis que le temple s’endormait, accroupi
sur son sommeil de chien battu.

Ce fut par une nuit sans lune.
Pendant que la sainte femme dormait :
ils sont passés par la fenêtre.
Puis, bien tassés sur leurs épaules de nain vendus,
ils ont filé des corps et des corps.
Dessous, dans les trous,
ils versaient le sang et les graines et le vin.
On ne se doutait de rien, d’en haut
ils sont tombés en flocons sacrés
les zazous de la neige.
On en vit trois, sur les tuyaux de l’orgue,
avec leurs doigts et des cordes
qui serraient, tordaient…
Il est mort, enfin…
le chant du P’tit Quinquin,
en pleurant sur l’épaule…

Du ciel on ne voyait
que la neige et les falots.

Longtemps
les corbeaux s’y sont trompés.
Puis ils ont vu les piles d’os,
d’assiettes vides et de gigots décharnés,
et les zazous en rangs sacrés
qui dégustaient selon les rites, le bras levé,
selon les règles du « bien manger »
du « bien penser ».
Trois coups avant…
Trois coups après…
Les douleurs des martyrs affamés.


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